C-G Jung , dans son oeuvre, a beaucoup parlé du tournant que nous rencontrons au milieu de notre vie, tournant qu'on désigne dans le langage courant par l'expression : "la crise de la quarantaine"...

C'est à cet âge (entre 35 et 45 ans), en effet, que chacun ressent le besoin et l'urgence de "changer d'orientation" et de se tourner vers de nouvelles valeurs...
Alors que jusque-là, l'être s'est consacré surtout à des objectifs "extérieurs" (mariage, famille, réussite sociale...) et que , souvent, il les a atteints, il traverse alors une période où ces objectifs, qui lui tenaient tant à coeur lui paraissent moins importants et où ses besoins deviennent autres...il se tourne alors, normalement, vers ses profondeurs et recherche un sens à sa vie.
On retrouve donc le thème du "retournement" évoqué dans l'article précédent.
Retournement illustré (entre autres) par la carte du "Pendu" (numéro 12)...

On notera que, dans le tarot, la carte qui précède est celle de la "Force" et celle qui suit celle de l'Arcane sans nom (ou "Mort").
Après un stade de "maîtrise" et de "victoire" relative (carte 11), le Pendu évoque un changement d'orientation et un "lâcher-prise"...
Comme Jack qui vend tout ce qu'il possède et qui l'échange contre quelques haricots "magiques"...il s'agit de "lâcher" le passé et de faire confiance à l'avenir, à l'inconnu, à ce qui "germera"...
On traverse alors une période où l'on ne "maîtrise" plus (les mains dans le dos du Pendu l'empêchent de "saisir" quoi que ce soit), et où l'on se "retourne"...
On était tourné vers l'extérieur, on est à présent amené à se tourner vers l'intérieur...vers l'inconscient (représenté par le pied, partie du corps opposée à la tête, au conscient...).
On se dirige alors vers une transformation, une "mort symbolique" (carte 13), qui aboutira, dans le meilleur des cas, à une renaissance spirituelle et à terme, à l'accomplissement, dans l'unité (carte 21)...
(accomplissement qui signale que l'être a atteint l'équilibre, la complétude, qu'il a retrouvé sa "moitié perdue").
La vie est ainsi jalonnée de morts/renaissances qui sont autant de "passages initiatiques"...
Un autre passage important est, par exemple, le passage de l'enfance à l'adolescence. Ce passage était accompagné, dans nombre de cultures, par des "rites" initiatiques.
image ici
(peintures corporelles évoquant une échelle)
Chaque fois qu'on passe d'un "palier" à un autre...on effectue un "saut"...on passe d'un état ancien à un état nouveau...très différent.
On passe par un état de déséquilibre temporaire...pour atteindre un nouvel équilibre...par une dissymétrie avant de retrouver la symétrie...
Comme quand on monte un escalier ou une échelle...si l'on ne veut pas tomber, on n'a pas le choix : on ne peut poser qu'un seul pied sur l'échelon ou sur la marche. On peut d'ailleurs supposer que le jeu de marelle, horizontal, oblige le joueur à "sauter" sur un pied afin de rappeler ce "déséquilibre" qui existe quand l'échelle est verticale.
Un des grands symboles de mort/renaissance est la Pâque...Pessah en hébreu.
L'étymologie de ce mot est particulièrement intéressante.

Le mot français "Pâques" vient de l'hébreu "pascha" qui signifie "passage" (adjectif :"pascal").
Mais le mot hébreu "Pessah" est un mot qui signifie, et c'est beaucoup plus curieux, "se mouvoir sur un pied", "sautiller", "faire un bond" ou même "boîter" !
(traduction de "Pessah" en anglais : "passover", soit "passer par-dessus").
Il semblerait d'ailleurs qu'autrefois, les "fêtes de printemps" se soient très souvent accompagnées de rites mettant en jeu le "sautillement" ou la boîterie.
On retrouve là cette idée d'un "déséquilibre" temporaire (un pied sur terre, un pied dans l'éternité ?) pour "passer" d'un état à un autre et pour, finalement, accéder à un nouvel état d'équilibre, pour "renaître".
On retrouvera ce lien, en français, dans certaines expressions associées au mot "cloche" :
"à cloche-pied", "clo"pin-"clo"pant...clopiner...(du latin cloppus, boîteux)
"Clocher" = aller de travers ="clau"-diquer...clochard = boîteux...
On pense aussi, évidemment, aux "cloches" de Pâques (et aux oeufs, symboles de vie nouvelle, de renaissance...).
Et puis, tiens, comment s'appelle celui qui dans une célèbre chanson traditionnelle, est appelé à se "réveiller" et à sonner les "cloches" pour célébrer la renaissance du jour ?
Frère Jacques, bien sûr ! (Bruder Jakob, en allemand).
Aussi "endormi" que Jacob, celui-là !
Et en voilà encore un qui "monte" et qui "redescend"...
en tenant fort sa corde !!!
(qui est un beau symbole "axial"...)

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La Licorne
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