Le rêve 13 se passe sur une plage. La plage, c'est l'endroit intermédiaire entre la "terre" et la "mer"...le point de contact entre le conscient et l'inconscient.
La plage est en pente : c'est intéressant car, étymologiquement, le mot plage vient du mot grec "plagios" qui signifie justement "en pente, oblique"...Par extension du sens figuré, le mot signifiera ensuite "ambigu, sournois, fourbe" et donnera des mots comme "plagiat", "plagiaire" (celui qui contrefait, qui imite, qui copie)...
Du côté "conscient" : un mur. Un mur qui "bloque". Comme si, de ce côté-là, on avait atteint une "limite" qu'on ne peut pas dépasser...Mais, en même temps, ce mur est un "guide" puisqu'il conduit à la mer et s'y enfonce...Les "limites" atteintes par le conscient obligent à se diriger ailleurs: dans la mer c'est-à-dire vers l'inconscient, vers ce qui est "caché"...
Il s'agit sans doute de quitter la plage de la fausseté, de l'imitation, du conformisme, pour aller vers les profondeurs...celles qui ramènent à la vraie identité, celle qui n'est ni dans le conformisme (cheveux verts), ni dans l'opposition (masques noirs), mais elle-même, dans sa singularité...
Sur cette plage en pente, difficile de rester en équilibre et de marcher sans déclencher une "mini-avalanche". Mini-avalanche qui déclenche aussitôt un "grondement" intérieur : ne pas déranger l'oiseau de mer.
Cet oiseau "rayonnant de lumière", cet oiseau qui médite est une magnifique image symbolique, une image très forte, une image "numineuse" : on voit bien qu'il ne peut s'agir d'un oiseau ordinaire: c'est probablement un oiseau mythique, peut-être, étant donné son rayonnement, un "oiseau solaire"...
Dans les légendes russes, on rencontre d'ailleurs parfois un "oiseau de feu" dont le plumage majestueux irradie une lumière...
L'oiseau, par sa capacité de voler, se situe, dans toutes les mythologies, entre les hommes et les dieux, il est lié au "monde céleste", il représente la divinité ou l'âme humaine, la transcendance spirituelle.
Parmi les oiseaux extraordinaires et mythiques, il y eut le Benou, oiseau égyptien lié à Héliopolis (cité du Soleil). Cet oiseau apparaissait tous les 500 ans, marquant le cycle du temps. Il est aussi associé aux crues annuelles du Nil.
Pour les Grecs, il devint le Phénix (du verbe égyptien wbn, qui signifie "briller", "étinceler", "naître" concernant le soleil). Le Phénix, qui se consume puis renaît de ses cendres, est symbole de mort et de résurrection...il marque le Cycle éternel de la Vie.
Certains le rattachent aux cycles historiques, astrologiques...à la Grande Année (cycle équinoxial).
D'après Jacques de La Rocheterie (" La symbologie des rêves- La nature") :
"L'oiseau est souvent associé au soleil, à l'immortalité. Selon diverses traditions, l'oiseau est un bienfaiteur qui a dérobé une étincelle au soleil pour l'apporter aux hommes (particulièrement l'aigle).
Voici quelques exemples de l'oiseau solaire : aux Indes , Vichnou, le soleil, est un aigle géant ou un cygne;
Garuda, l'aigle hindou et les divers Phénix renaissent de leurs cendres, figurant ainsi les phases solaires;
Agni, dieu du feu, est vénéré sous la forme d'un oiseau aux ailes d'or et on retrouve l'oiseau solaire sous le nom de Simurgh, en Perse et de Feng-Bo en Chine.
"Cygne, aigle, phénix, dit Jung, apparaissent en alchimie comme symboles voisins; ils signifient soleil, et, en même temps, or philosophique"
On peut remarquer aussi que cet oiseau se trouve au bord de l'eau, à l'endroit où la terre et la mer, le conscient et l'inconcient se rencontrent et s'épousent...il symbolise donc peut-être le Soi...ou peut-être l'"Ame du monde", l'"Ame collective"...d'ailleurs, il réunit, d'une certaine façon, les quatre éléments:
Air (ailes), Terre (posé à terre), Eau (oiseau de mer) et Feu (rayonnement)...
C'est en tout cas une belle image de totalité...
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La Licorne
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