"Toutes les tribus indiennes d'Amérique ont attribué au rêve
une importance particulière.
Les façons d'utiliser les rêves variaient selon les cultures indiennes.
Souvent intégrés aux croyances religieuses,
les rêves permettaient d'entrer en relation avec les esprits surnaturels
et d'acquérir un pouvoir par leur intermédiaire.
Presque partout, on les employait pour prédire l'avenir
et on pratiquait des rituels
afin d'éliminer les mauvais rêves et favoriser les bons.
Les Amérindiens avaient une façon très pratique d'utiliser leur rêve.
Bon nombre de danses indiennes, de chants
mais aussi d'objets façonnés,
tels que les tambours, les pipes et les coiffures
proviendraient des rêves."
.
La spiritualité était omniprésente chez les indiens des plaines.
C'était à la fois une préoccupation individuelle et un processus social.
Ils honoraient la nature dans son entier,
y compris la terre et les rochers, les animaux et les plantes, les éclairs et le tonnerre,
et ils pensaient que toute perturbation dans l’environnement
provoquerait une rupture de l'harmonie sociale.
Ils étaient convaincus que ces connexions avec la terre
et toutes ses créatures étaient absolument vitales,
non seulement pour la perpétuation de leurs pratiques religieuses,
mais également pour leur intégrité culturelle elle-même.
"Nous autres Sioux passons beaucoup de temps
à penser aux choses de chaque jour,
qui à nos yeux sont mêlées au spirituel.
Nous voyons dans le monde alentour de nombreux symboles
qui nous enseignent le sens de la vie.
De la naissance à la mort,
nous Indiens sommes pris dans les plis des symboles
comme dans une couverture.
Les planches du berceau d'un nouveau-né sont recouvertes de dessins
qui doivent veiller à la vie heureuse et saine de l'enfant.
Les mocassins des morts ont leurs semelles perlées d'une certaine façon
pour faciliter le voyage vers l'au-delà.

Pour la même raison, la plupart d'entre nous ont des tatouages au poignet
— pas de tatouages comme ceux de vos marins, poignards, cœurs ou filles nues —
rien qu'un nom avec des lettres ou des dessins.
La femme Hibou qui veille à l'entrée de l'antichambre des esprits
regarde ces tatouages et nous laisse entrer.
Ils sont comme un passeport.
Chaque jour de ma vie, je vois des symboles
dans la forme de certaines racines ou certaines branches.
Je lis des messages dans les pierres.
Je leur accorde une attention spéciale parce que je suis un yuwipi
et que les pierres c'est mon affaire.
Mais je ne suis pas le seul.
Beaucoup d'Indiens en font autant."
"Nous autres Sioux passons beaucoup de temps
à penser aux choses de chaque jour,
qui à nos yeux sont mêlées au spirituel.
Nous voyons dans le monde alentour de nombreux symboles
qui nous enseignent le sens de la vie.
Nous avons un dicton d'après lequel si l'homme blanc voit si peu,
c'est qu'il ne doit avoir qu'un œil.
Nous voyons beaucoup de choses que vous ne remarquez pas.
Vous les remarqueriez si vous en aviez envie,
mais vous êtes tellement pressés, en général.
Nous autres Indiens vivons dans un monde de symboles et d'images
où le spirituel et l'ordinaire des jours ne font qu'un.
Pour vous les symboles ne sont que des mots
qu'on dit ou bien qu'on écrit dans les livres.
Pour nous, ils sont une partie de la nature, une partie de nous-mêmes :
la terre, le soleil, le vent et la pluie, les pierres, les arbres, les animaux,
même les petits insectes comme les fourmis ou les sauterelles.
Nous essayons de les comprendre,
pas avec la tête mais avec le cœur,
et une simple indication suffit à nous en révéler le sens.

Ce qui vous semble banal,
à nous, apparaît merveilleux ,
grâce au symbolisme.
C'est drôle parce que pour « symbolisme »
nous n'avons même pas de mot,
et pourtant le symbolisme nous imprègne au plus intime de notre être.
Vous, vous avez le mot, mais c'est tout."
"Le cercle est le symbole des hommes et femmes
rassemblés autour du feu de camp
, parents et amis réunis en paix
pendant que le calumet passe de main en main.
Le camp dans lequel chaque tipi avait sa place forme aussi un cercle.

Le tipi est un cercle où l'on s'assoit en cercle ;
toutes les familles du village sont également des cercles dans ce cercle,
lui-même partie de la plus grande boucle
que forment les sept feux de camp des Sioux,
représentant la nation sioux.
La nation est seulement une partie de l'univers,
en lui-même circulaire et fait de la terre, qui est ronde,
du soleil, qui est rond, des étoiles qui sont rondes ;
et la lune, l'horizon, l'arc-en-ciel sont aussi des cercles
insérés dans des cercles insérés dans des cercles,
sans commencement ni fin.
A nos yeux, cela est beau et tout à fait approprié,
symbole et réalité en même temps,
expression de l'harmonie et de la nature.
Notre cercle se répand, sans fin, éternellement ;
il est la vie émergeant de la mort — la vie qui apprivoise la mort.

Le symbole de l'homme blanc est le cadre.
Le cadre de sa maison, des buildings où sont ses bureaux,
avec des murs de séparation.
Partout des angles et des rectangles :
la porte qui interdit l'entrée aux étrangers,
le dollar en billet de banque, la prison.
Le rectangle, ses angles, un cadre.
De même pour les gadgets de l'homme blanc
— boîtes, boîtes, boîtes et encore des boîtes —
téléviseurs, radios, machines à laver, ordinateurs, automobiles.
Toutes ces boîtes ont des coins, des angles abrupts —
des arêtes dans le temps, le temps de l'homme blanc,
ses rendez-vous, le temps de ses pendules, ses heures de pointe
— c'est ce que les coins signifient à mes yeux.
Vous êtes devenus les prisonniers de toutes ces boîtes."
Tahca Ushte ou "Lame Deer" ("cerf boîteux")
"De mémoire indienne"
Tahca Ushte au sommet d'un gratte-ciel de New-York
.