...On voit des gens, principalement introvertis, qui ignorent tout de la réalité de l'inconscient,
et qui peuvent cependant passer des heures à penser dans le moi, à leur moi.
Ces gens viennent parfois à l'analyse avec une conscience extrême du caractère de leur ego.
Ils connaissent vraiment leur propre personnalité consciente de façon étonnante.
Personne évidemment ne peut la connaître entièrement,
mais ces personnes ont vraiment et honnêtement essayé de réfléchir sur elles-mêmes.
Même de nos jours, la plupart des gens croient encore
que devenir conscient de soi signifie penser, méditer sur le thème "Comment suis-je ?".
C'est pourquoi on entend si souvent dire que l'analyse et la psychologie sont égocentriques
et que l'on ne devrait pas ruminer ces choses, mais plutôt travailler à aider les affamés.
Toutefois, ce reproche est sans objet : réfléchir sur le moi serait en effet tout à fait stérile;
ce serait, à mes yeux, imiter le chien qui essaie d'attraper sa propre queue.
La véritable connaissance de soi-même est la connaissance de la psyché objective
telle qu'elle s'exprime dans les rêves et les autres manifestations de l'inconscient.
Ce n'est qu'en observant nos rêves, par exemple,
que nous pouvons voir ce que nous sommes vraiment ;
ce sont eux qui nous le disent.
Méditer sur eux est un effort vers la connaissance de soi ;
cela est scientifique et objectif car ce n'est pas dans l'intérêt du moi,
mais pour découvrir "ce que je suis" en réalité.
C'est une connaissance du Soi,
de la personnalité plus large, telle qu'elle est objectivement.
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Le rêve qui vient dans le sommeil est toujours
comme un message issu de ce même centre intérieur, le Soi.
Chaque rêve est cela, et l'auteur de la lettre est toujours le même,
c'est le Soi, ou la chose unique, le quid.
C'est pourquoi, à force d'éprouver ces réactions en rapport avec l'étincelle venue des rêves,
on devient progressivement conscient de la nature de celui qui envoie les messages nocturnes
- on se rend constamment compte de la présence et de la réalité du Soi.
Cela procure au moi la paix de l'esprit.
Si, par exemple, vous tombez dans une situation extérieure embrouillée et difficile,
vous vous en inquièterez un moment, mais vous vous direz bientôt
que vous allez attendre pour voir ce que l'inconscient, ou le Soi, en dira.
Vous avez donc une seconde source d'information.
Vous n'avez pas à suivre toujours votre propre opinion,
ce qui donne au moi une attitude de patience et une certaine continuité,
car il attend d'entendre ce qui lui viendra de la source intérieure de connaissance
et qui lui permettra de se confronter avec la situation impossible
au lieu de s'agiter comme une souris affolée.
Comme le dit Jung, le moi a toujours tendance à croire
qu'il doit "veiller à ce que les cerises aient des queues".
La relation avec le Soi apporte donc un certain calme et la constance.
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Marie-Louise Von Franz
" Alchimie et imagination active"
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Vidéos de Guy Corneau :
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