D'où vient la marelle ?
On ne sait pas quelle civilisation fut son berceau, car on ne connaît pas son origine exacte. Toutefois, la structure archétypale, universelle et astrologique, de ce qui n'est plus qu'aujourd'hui qu'un jeu d'enfant, laisse supposer que ce jeu initiatique est né en Mésopotamie. Mais il faut savoir que l'on retrouve sa trace en Inde, et que des textes chinois mentionnent son existence
2 357 ans avant notre ère !
Ainsi, à l'instar de la croix ou de la spirale, par exemple, qui sont des symboles universels, on retrouve la marelle dans des temps très reculés et dans toutes les civilisations.
Toutefois, si l'on croit Platon, elle serait née en Egypte. En tout cas, la marelle grecque, que l'on nommait la kubeia, était d'inspiration égyptienne. On en a retrouvé de nombreuses figures, en Egypte donc, dont les cases étaient frappées de signes hiéroglyphiques. Selon les textes égyptiens, la marelle était utilisée par le défunt pour jouer son destin dans le labyrinthe de l'au-delà.
Marelle et labyrinthe :
En effet, par bien des aspects, c'est au mythe du labyrinthe que la marelle fait penser. Dans ce jeu, comme dans celui du labyrinthe, il s'agit pour le joueur ou l'initié de trouver l'issue qui symbolise la vie éternelle.
La marelle est un jeu initiatique en cela qu'elle conduit l'homme à progresser, à avancer de case en case, jusqu'à ce qu'il ait atteint son but. Il doit toujours évoluer. Tel est son destin. En Mésopotamie, en Egypte, en Chine, en Inde, en Grèce, à Rome, puis plus tard, dans toute l'Europe médiévale, c'étaient les adultes qui jouaient à la marelle. Ce faisant, ils se rappelaient à eux-mêmes que les hommes ne sont que passants, c'est-à-dire de passage sur cette Terre, qu'ils ont un autre but à atteindre, une autre mission à accomplir, une porte étroite à trouver.
La règle du jeu de marelle :
Ce jeu tient son nom du palet que l'on lançait sur la figure géométrique dessinée sur le sol, qui se nommait merel, marel en ancien français, issu de marr, "pierre ou caillou". Le joueur s'appelait le méreau.
Il devait sauter de case en case , à cloche-pied, en poussant un palet censé figuré son âme. Il partait de la Terre, pour atteindre le ciel, le Paradis, en prenant garde de ne pas tomber en cours de route dans le puits ou en enfer, ou dans tout autre piège. Mais il ne devait pas se contenter d'avancer à cloche-pied. Il fallait aussi qu'il s'astreigne à certaines contorsions et à des jeux de jambes complexes. En aucun cas le palet ne devait s'arrêter sur une ligne car, de la Terre au Ciel, il n'y a pas de frontières, de zones de démarcations, de séparations, de repos.
En réalisant son parcours, l'homme cultivait son habileté et développait ainsi ses propres qualités. N'est-ce pas là le but ultime de toute vie humaine ?