Le jeu de la Marelle :
L’enfant doit partir de la Terre et atteindre le Ciel en passant suivant les cas par sept cases
chiffrées à cloche-pied, au moyen d’un caillou qu’il doit lancer dans chaque case.
Nous avons rencontré un cas plus élaboré avec neuf cases dont huit chiffrées (la neuvième,
l’enfer, étant à éviter). L’enfant doit monter jusqu’au Ciel, en évitant l’Enfer, puis récupérer la
pierre au retour, à chaque étape.
Sachant que la mérelle est le nom donné à la coquille du pélerin de Compostelle,
dont le pélerinage est initiatique (mérelle serait composé des mots grecs méter et
elh, mère de la lumière) nous pouvons alors retrouver, grâce au rapprochement avec le nom
Marelle, les symboles que nous avons déjà interprétés dans nos autres études :
* Le claudiquant, le boiteux est le symbole de l’initiable, du Profane en marche vers
l’Initiation. En effet l’initiation a alors pour but de le faire “marcher droit”.
C’est le Mat du jeu de tarot, similaire à Saint-Roch et sa plaie découverte à la cuisse.
* Le caillou qui permet de progresser dans l’itinéraire initiatique. Nous le rapprocherons de la
pierre philosophale des alchimistes, dont le rôle est le même: un support à la transmutation.
* Le dessin du chemin de la marelle lui-même, qui ressemble au plan d’une église, signe
d’un itinéraire spirituel.
* Enfin dans nos deux cas montrés ci-dessus (et il y en a bien d’autres très semblables)
examinons le symbolisme des nombres :
- les sept étapes dans la première marelle sont, sans surprise, celles du chiffre divin
(7 est le symbole traditionnel de Dieu).
- Dans un même ordre d’idée, les neuf étapes de la seconde marelle mènent au Ciel (la
neuvième étant l’Enfer à éviter, étonnamment placé juste avant le Ciel), le Ciel étant la
dixième étape, ou le retour à une nouvelle unité (10=1+0=1) qui est l’atteinte du Centre
du Monde.
Remarquer que dans les deux cas la forme du Ciel n’est plus rectangulaire
(le rectangle est le symbole du monde matériel) mais en arc de cercle, symbole de la
perfection.
- Si nous devions faire une analogie risquée avec l’alchimie, au niveau des difficultés
rencontrées dans ces deux versions du jeu, la deuxième marelle est plus élaborée et
qualifiable d’”initiatique” (la voie humide plus longue et pleine d’embûches en alchimie?)
tandis que la première marelle est plus de l’ordre de l’”ascèse” chrétienne (la voie
sèche?)
Nous avons pour terminer rencontré une version du jeu de la marelle qui prenait la forme d’une
spirale ou d’un escargot. On retrouve alors une certaine ressemblance avec le jeu de l’oie...
(jeu dont le but est de cheminer jusqu'au centre).
D'après Gauthier Pierozak : ici