Il existe une question récurrente à propos d’interprétation,
c’est l’évaluation de sa pertinence.
Existerait-il des critères de vérité ?
Comme c’est le cas dans les autres écoles analytiques,
l’interprétation est d’abord une hypothèse proposée à l’analysant
puis élaborée à deux.
C’est par l’effet produit par cette interprétation sur l’analysant
que l’on découvre si on a fourni une interprétation utile.
Jung insiste sur la nécessité d’obtenir l’assentiment du patient
à l’interprétation proposée.
Il arrive qu’un seul rêve soit insuffisant
pour donner lieu à une élaboration suffisamment poussée.
Jung a souvent recommandé de s’attacher
à interpréter des séries de rêves
dans lesquelles se révèle une dynamique,
une évolution des représentations.
Il a étudié d’abondantes séries de rêves,
notamment dans deux de ses ouvrages importants :
les rêves de Miss Miller
dans « Métamorphoses de l’âme et ses symboles »
et ceux du physicien Pauli
dans « Psychologie et alchimie ».
Dans ses travaux, il s’est attaché exclusivement
aux images de l’inconscient collectif,
adoptant une attitude opposée à celle qu’il préconise,
comme il le signale lui-même
dans la préface de « Psychologie et alchimie ».
Il faut cependant préciser que ni Miss Miller ni Wolfgang Pauli
n’ont été les patients de Jung.
Ce dernier a procédé à une sorte de greffe
des matériaux oniriques recueillis,
comme s’il avait fait ces rêves lui-même,
et il a fourni ses propres associations et amplifications.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’une démarche thérapeutique :
le rêve est devenu dans ce cas un produit culturel
et le véhicule vivant de la théorie.
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Claire Dorly
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